René Girard : la disparition d’un grand penseur français

Les médias français en ont à peine parlé -ou le strict minimum. René Girard vient de s’éteindre, mercredi dernier à Stanford. Il est l’auteur d’une œuvre critique, philosophique et anthropologique de première importance et a bâti sur les bases de sa théorie mimétique du désir une réflexion cohérente et puissante sur la violence et les boucs-émissaires.

Il a été superbement ignoré par l’Université française ainsi que par les milieux intellectuels français parce qu’il a commis deux crimes de lèse-majesté, deux péchés capitaux à leurs yeux : il a eu l’arrogance de naviguer entre plusieurs disciplines (la critique littéraire, la philosophie, l’anthropologie religieuse) et l’impudence d’avouer qu’il était chrétien.

Pourtant, je veux bien prendre le pari que, dans l’Histoire des idées, on citera René Girard à la hauteur de Pascal, de Bergson, de Sartre et de Descartes, alors que ceux qui l’ont dédaigné de son vivant du haut de leurs chapelles n’apparaîtront que comme des épi-phénomènes très oubliables. Je pense aussi à tous ces « philosophes » auto-proclamés qui s’étalent dans ces mêmes médias : mais quel concept philosophique ont-ils produit? Quels sont les fruits de leur arbre? On attend toujours.

Ne perdons pas de temps avec eux, et si j’ai un conseil à donner, ce serait d’entrer par la grande porte dans l’œuvre de Girard : Des choses cachées depuis la fondation du monde. Je conseille aussi vivement Mensonge romantique et vérité romanesque. Ainsi que ces entretiens, plus abordables : Quand ces choses commenceront. Tous ces livres, bien sûr, existent en éditions de poche.

Sur internet, on trouve quelques vidéos, mais c’est un peu disparate ; aussi vais-je m’en tenir à ces conseils de lecture.

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mardi 10 novembre 2015

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