La « valeur » d’un argument

Qu’il s’agisse des thèses qu’on défend ou des thèses qu’on entend défendre, il est utile d’évaluer la qualité, le poids -en un mot la valeur des arguments qui les soutiennent ; ceux-ci peuvent être imaginés comme des métaux, dont certains seraient plus ou moins purs, plus ou moins rares : filant la métaphore, on pourrait parler d’arguments en or, d’arguments en argent… d’arguments en zinc ou en ferraille…

Je prends un exemple simplifié. Vous voulez défendre le droit à l’anonymat sur internet. Le risque de fichage des citoyens par les États est un argument en or ; l’invocation d’un « droit de troller » serait, en comparaison, un argument de faible valeur -presque de la bigaille !

Il ne s’agit pas de dédaigner les arguments qui ne seraient pas en or massif, un bon argument en cuivre (du genre : l’utilisation de données personnelles dans des fichiers clients) viendra encore donner plus de consistance à votre argumentation : comme une armée, celle-ci a d’autant plus de chance de s’imposer qu’elle compte de soldats. Plus vous avez d’arguments, mieux c’est ! (En veillant toutefois à ce que certains d’entre eux ne viennent pas nuire à la qualité des meilleurs, et gâcher votre alliage).

Il ne s’agit pas non plus de n’utiliser cette méthode que pour disqualifier vos adversaires. D’ailleurs, pourquoi parler d’adversaires ? Peut-être y a-t-il des arguments en or dans ce que vous dit votre contradicteur : reconnaissez-le, et remerciez-le chaleureusement de vous avoir sorti d’une erreur ! Cette évaluation, il faut d’abord se l’appliquer à soi-même : que valent vraiment mes arguments ? (Ai-je vérifié tout ce que j’avance ? N’ai-je succombé à aucun biais ? N’ai-je pas, ici ou là, fait preuve de mauvaise foi ? Ai-je caricaturé des objections pour ne pas les entendre ? etc.) Faites passer vos arguments au feu de l’auto-critique, testez-en la solidité, la pertinence. Raisonnement bien ordonné commence par soi-même.

mardi 25 février 2020

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