Crayon rouge ou crayon vert ? Noter ou ne pas noter?

La question de la notation se pose à nouveau, tel un vieux serpent de mer. Noter ou ne pas noter? La réponse est difficile car les deux options ont des effets indésirables.

Si l’on note, on introduit une insidieuse concurrence entre les élèves, une compétition qui ne signifie rien, et l’on en exécute dix pour en garder un, car on sait très bien qu’à part quelques cas (pas si nombreux) qu’une mauvaise note stimule pour provoquer une réaction saine de travail, la plupart des élèves sont enfoncés par cette sanction: en jargon de cour de récréation, rappelez-vous, on appelle cela une « sale » note, ce qui traduit finalement assez bien ce qu’on éprouve (de l’humiliation) quand on voit un 4 entouré en rouge en haut de sa copie, remplie de croix, de ratures, de points d’exclamation, et parfois d’apostrophes vexantes, limite injurieuses. Que le niveau de la note soit légitime ou non, qu’on ait été saqué ou non, c’est bien cette humiliation qu’on ressent, et il n’en fallait pas davantage pour éteindre le feu déjà mourant de sa motivation… Je crois que tout le monde voit bien de quoi je parle. Ce n’est donc pas tant de la légitimité de la note qu’il faut parler sans tabou que de son efficacité pédagogique. De plus, le principe du contrôle, comme l’explique si bien Paul Valéry, détourne l’attention de l’élève de ce qui compte: il ne travaille plus pour maîtriser sa langue, être logique, connaître l’Histoire, l’Anglais; il travaille pour déjouer le contrôle.

Mais si l’on ne note pas, comment pourra-t-on évaluer la progression, non pas des élèves entre eux, mais de l’élève par rapport à lui-même, du travail intellectuel qu’il a accompli entre le début et le milieu, puis entre le milieu et la fin de l’année? Comment l’escalier pédagogique peut-il exister si on ne construit pas de marches ?

La note doit être conçue et (re)pensée comme un repère, non comme un jugement.

mardi 25 novembre 2014

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.