Cet été (et le reste de l’année), lisez des nouvelles !

L’art de la nouvelle a, selon moi, une place trop réduite dans les programmes scolaires et il y a toujours cette idée chez les éditeurs que c’est -au mieux- un point d’entrée vers le genre par excellence du roman.

C’est faire l’impasse sur de très grands noms de la littérature, dans le désordre : Edgar Poe, Borges, Marguerite de Navarre, Kafka, Cervantes, Flaubert, Barthelme, Carver, Cortazar, Mérimée, Buzzati, Hoffmann, Tchekhov, James, Doyle, Pynchon, Salinger, etc.

La nouvelle est une forme achevée d’art.

Alors, pour sortir de la question poignante à son libraire du roman à emporter sur la plage, ainsi que pour parer à l’argument fatidique de votre ado sur le « nombre de pages », voici une petite sélection totalement personnelle et subjective de dix nouvelles (& recueils) dont l’art vaut autant que les grandes cathédrales de la poésie et du roman :

Impossible de ne pas commencer par Borges, qui pensait que sa nouvelle « Le congrès » était son meilleur texte, elle se trouve dans le recueil Le livre de sable. (Ai-je lu un aussi beau titre de livre ?) J’ajoute qu’aucune bibliothèque ne saurait savoir se passer des Fictions du même auteur.

Impossible également de ne pas placer très haut « La lettre volée » d’Edgar Poe, dont les Histoires extraordinaires (& les Nouvelles histoires extraordinaires) sont un monument de la littérature mondiale : « Le scarabée d’or », « Double assassinat dans la rue morgue », « La chute de la Maison Usher », en sont quelques pièces maîtresses, ainsi que « The Philosophy of Composition », que l’on trouve parfois en annexe de certaines éditions.

Mon prof de français de Quatrième nous avait lu en cours (en entier) l’excellente nouvelle de Dino Buzzati « Le veston ensorcelé » : je me souviens encore combien il avait réussi à « capter notre bienveillance » avec ce texte. La nouvelle se trouve dans le recueil intitulé Le K, à l’intérieur duquel j’élirais « L’œuf », hésitant également avec « Douce nuit », « Pauvre petit garçon » (la plus connue) et bien d’autres…

Si Edgar Poe cité plus haut peut être considéré comme le « père » du récit policier, avec son Chevalier Dupin, Conan Doyle, qui s’était également inspiré d’un de ses profs de médecine, en est un très honnête descendant. Et plutôt que d’en voir les (pas toujours bonnes) adaptations en films ou en séries, autant revenir aux sources des aventures du plus célèbre des détectives, qui pour la plupart sont racontées dans des nouvelles : Les aventures, les Mémoires et le Retour de Sherlock Holmes*, en commençant par exemple par « Le dernier problème » et en continuant par « La maison vide », qui sont une mort et une résurrection.
La belle collection Bouquins vous les offre toutes en un seul volume.

Vous avez peut-être entendu la fameuse phrase : « I would prefer not to » (« J’aimerais mieux pas ») ? Sachez qu’elle provient de l’inénarrable personnage d’Herman Melville « Bartleby », dont le portrait est brossé dans la nouvelle éponyme, laconique et poignant chef d’œuvre comique.

Enfin, l’endroit où le cynisme de Flaubert s’abolit dans l’un des plus grands textes de la littérature française : « Un cœur simple » tiré de ses Trois contes.

Pêle-mêle : « Le joueur d’échecs » et « La femme et le paysage », de Stefan Zweig, « Personne disait rien », de Raymond Carver dans Tais-toi je t’en prie, « Lucien », de Claude Bourgeyx ; « Montagne de verre » de Donald Barthelme dans La ville est triste ; « Matin brun », de Franck Pavloff ; « Les neiges du Kilimandjaro », d’Hemingway ; « Les bottes de sept lieues », de Marcel Aymé, « La sentinelle », d’Arthur C. Clarke…

mardi 22 juin 2021

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