Français, Lettres, Philo : le blog d’un professeur indépendant

Articles récents

Connaissez-vous les haïkus ?

« Les œuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière », écrivait Flaubert. On aurait là l’épigraphe idéale, en page de garde, d’un recueil de haïkus -ces éclats de conscience. Nul besoin donc de vous refaire la fiche Wikipedia de ces poèmes minimalistes, parfois lyriques, parfois purement descriptifs, tantôt drôles, tantôt philosophiques, toujours subtils, je vous en donne seulement dix à lire -ils se suffiront à eux-mêmes, car :
Pour s’ouvrir dans un esprit,
La fleur d’un haïku n’a besoin
Que d’un peu de silence.

Opinions et vérité à l’heure des réseaux

Dans l’un de ses derniers titres, un rappeur connu dit : « Le monde est un PMU, où n’importe qui donne son mauvais point de vue ». J’amenderais cette intéressante « punchline » de la sorte : où chacun peut donner son point de vue, mauvais s’il est trop hâtif, utile s’il est réfléchi. Ça claque moins bien, mais c’est plus constructif. Car ce n’est pas le fait de pouvoir donner son point de vue qui est un problème, ni le fait qu’une telle initiative soit laissée à chacun (au passage, ne sommes-nous pas en démocratie ?), mais le fait de…

Votre âge > en minutes de lecture par jour !

Intimement convaincu de l’axiome : trop donne rien, un peu donne beaucoup je propose cette modeste méthode de lecture, en réponse à une question qu’on me pose fréquemment : comment se mettre (ou se remettre) à lire ? > Lisez autant de minutes par jour que vous avez d’années. À 10 ans, 10 minutes par […]

La ponctuation est-elle en option ?

Quelle différence faites-vous entre ces deux phrases ?

Le président n’est pas mort comme on l’avait cru.
Le président n’est pas mort, comme on l’avait cru.

Le sens est-il le même ? La différence est ténue, pourtant : elle ne tient qu’à une virgule.

Un Cantique de Noël

Mon jour de publication tombant cette année la veille de Noël, j’en profite pour donner ici l’incipit (allongé) du plus célèbre des contes de circonstance. Vous le reconnaîtrez sûrement !

PREMIER COUPLET.
Le spectre de Marley.

Marley était mort, pour commencer. Là-dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était signé par le ministre, le clerc, l’entrepreneur des pompes funèbres et celui qui avait mené le deuil. Scrooge l’avait signé, et le nom de Scrooge était bon à la bourse, quel que fût le papier sur lequel il lui plût d’apposer sa signature.

Le vieux Marley était aussi mort qu’un clou de porte…

Vouloir supprimer toutes les subtilités de la langue française, c’est un peu comme vouloir raser toutes les petites rues d’une vieille ville.

Mon argument est dans le titre, mais je peux le développer -filer la métaphore- en réponse aux articles, projets éditoriaux et livres qui s’en prennent régulièrement à une supposée trop grande complexité de l’orthographe, le dernier buzz en date concernant l’accord du participe avec le COD. Une langue peut donc raisonnablement être comparée à une ville qui s’est construite au fil des siècles, par élargissements circulaires et strates successives…

Choses vues. Un texte prophétique de Victor Hugo

Extrait de « Choses vues », 1846.
« Hier, 22 février, j’allais à la Chambre des pairs. Il faisait beau et très froid, malgré le soleil et midi. Je vis venir rue de Tournon un homme que deux soldats emmenaient. Cet homme était blond, pâle, maigre, hagard ; trente ans à peu près, un pantalon de grosse toile, les pieds nus et écorchés dans des sabots avec des linges sanglants roulés autour des chevilles pour tenir lieu de bas ; une blouse courte et souillée de boue derrière le dos, ce qui indiquait qu’il couchait habituellement sur le pavé, la tête nue et hérissée. Il avait sous le bras un pain. Le peuple disait autour de lui qu’il avait volé ce pain et que c’était à cause de cela qu’on l’emmenait. »