Pourquoi faire des commentaires composés ?

A cette question, la plupart des élèves de Seconde et de Première donnent une réponse vague, confuse : la vérité est que la majorité des Lycéens font des commentaires sans aimer cela ni même comprendre pourquoi ils le font.

Comme j’ai essayé de le démontrer ici, l’approche analytique des textes littéraires est une forme inefficace d’initiation. A défaut donc de réussir à faire aimer la littérature (tâche des plus nobles et des plus difficiles), il convient, avant même d’en faire, de recadrer l’objectif du commentaire composé, non pas en disant : « c’est un sujet bac à tel coeff ! » mais en prenant le temps d’expliquer que l’étude technique des grands textes a une utilité intellectuelle, qu’elle permet de mieux maîtriser les possibilités et les subtilités du français, en découvrant concrètement comment ses plus grands artisans l’ont utilisée. Du point de vue de la langue, les grands écrivains sont des modèles, et il y a beaucoup à apprendre, directement ou indirectement, à leur école: il ne suffit pas de le dire, il faut l’expérimenter le crayon à la main.

Cette activité devrait d’ailleurs être pratiquée autrement que sous sa forme actuelle (c’est-à-dire soit magistrale en classe avec les trois mêmes élèves levant épisodiquement la main, soit notée sur table ou à la maison, la note détournant l’attention de l’élève du contenu de ce qu’il fait): je propose des ateliers par tous petits groupes, 2 à 4, non notés, pendant lesquels le professeur n’aurait qu’à vérifier que tous travaillent, échangent observations et interprétations et « mettent les mains dans la pâte » du texte, sans la pression de la note.

Tant que cela n’arrivera pas, que les Lycéens ne feront pas de commentaire pour en faire, ils resteront extérieurs à ce vieil et noble exercice.

1er mars 2015

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