Des pronostics : cette année, les sujets du bac tomberont sur…

… une certaine notion du programme étudiée pendant l’année.

Désolé. Mon pronostic, c’est qu’il n’est pas sage de se fier aux pronostics.

1. parce qu’ils sont toujours faux, sauf quand le hasard (en français une chance sur quatre) fait qu’ils sont bons. Telle année la poésie ne doit pas retomber parce qu’elle est tombée l’année précédente; telle autre année, c’est tel auteur qui va sortir parce que c’est le bicentenaire de sa première communion, etc. etc…. Calculs se voulant savants mais tout à fait infondés. D’ailleurs je soupçonne les rédacteurs des sujets nationaux de « tirer au sort » au dernier moment, comme le font les services secrets pour les trajets présidentiels, afin de déjouer toute possibilité de prévision. Quand on regarde les notions tombées en philo ces dix dernières années, aucun « schéma » n’apparaît, certaines notions ne tombent jamais, d’autres parfois, d’autres reviennent assez souvent.

2. parce qu’ils n’existent que pour faire vendre du papier ou attirer des visiteurs à des éditeurs en mal de buzz. Ils sont même utilisés par certains profs eux-mêmes, en mal d’audience dans leur classe, pour réveiller le lycéen endormi en lui donnant un conseil de dernière minute

3. enfin parce que, plus profondément, ils trahissent un état d’esprit obnubilé par le contrôle et la note plutôt que par le contenu de la matière elle-même. Comme l’explique si bien Paul Valéry, il ne s’agit plus de faire du français, mais d’avoir une bonne note au bac de français; il s’agit de passer la douane, de gagner aux courses, d’où l’idée -déplacée- d’un « pronostic ». Cette obsession gagne jusqu’aux parents et aux enseignants eux-mêmes, qui en viennent à oublier le principe de transmission du savoir, au profit de la considération restrictive de la note.

– Qu’est-ce qu’il a appris, votre fils, cette année?

– Il a eu des bonnes notes.

– …

 

10 juin 2014

 

 

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